Cet intérêt est matérialisé par des flux de capitaux importants dans les stratégies alternatives. En effet, la totalité des capitaux gérés en stratégies alternatives est aujourd'hui supérieure au niveau d'avant la crise financière, et nous observons une croissance constante depuis douze mois.
C'est le contexte actuel des marchés financiers, caractérisé par davantage d'incertitude, qui amène les gérants d'actifs à se tourner vers la gestion alternative. Les portefeuilles obligataires offrent des rendements très limités, voire négatifs, dus à la persistance des faibles taux d'intérêt. Certains marchés actions offrent des opportunités de profits intéressantes mais, dans un contexte économique, social, démographique et géopolitique incertain, on observe nécessairement une volatilité accrue et donc un accroissement du risque dans les portefeuilles. Si l'on ajoute à cela la remise en question de certains paradigmes, comme la corrélation entre les marchés obligataires et les actions ou celle entre le prix du pétrole et les actions, qui pendant longtemps était négative, cela ne permet plus aujourd'hui de contrebalancer les risques mais de les cumuler.
Il est dès lors impératif pour les investisseurs de se concentrer sur l'optimisation du rapport entre les rendements attendus et les risques pris. C'est dans ce contexte qu'une allocation aux hedge funds prend tout son sens. Historiquement, les gérants de hedge funds ont démontré leur capacité à générer des performances avec une volatilité plus faible, en particulier lorsqu’il y a moins de visibilité sur l’évolution future des marchés.
Il ne s'agit donc plus aujourd'hui pour les investisseurs de se demander si une allocation aux stratégies alternatives est indispensable ou non, mais plutôt quel est le meilleur format pour y prendre une exposition. En dehors d'une poignée d'investisseurs qui évoluent dans un environnement moins réglementé, tel que les family offices, ou ceux qui ont un horizon d'investissement très long, comme les fonds souverains, la majorité des décideurs en Europe et en Asie ont une préférence pour des véhicules d'investissement réglementés, liquides et transparents. C'est dès lors tout naturellement qu'ils s'orientent vers les gérants et les stratégies qui sont disponibles dans le format UCITS (Undertakings for Collective Investments in Transferable Securities). Ces fonds offrent de nombreux avantages: d'abord, leur structure est encadrée par les autorités de régulation européennes, ce qui permet d'être, sous certaines conditions, librement commercialisés dans l'UE, contrairement aux fonds non réglementés, communément appelés fonds offshore. Ils garantissent un certain niveau de diversification, réduisent le risque de contrepartie, et préviennent l'utilisation excessive de levier. Ils offrent en outre un niveau de liquidité beaucoup plus favorable pour l’investisseur.
De plus, les frais de gestion sont généralement plus faibles que sur leur équivalent offshore. On note d’ailleurs que la tendance est à la baisse. La sophistication des investisseurs nécessite une adaptation des frais en fonction du profil rendement-risque des fonds.
A la question de savoir s'il faut faire un compromis sur une partie de la performance pour bénéficier des avantages mentionnés ci-dessus, la réponse fait l'objet d'un éternel débat mais à ce jour les chiffres ne confirment pas ce point.
Par conséquent, le besoin de diversification et la réallocation d’actifs dans les portefeuilles entraînent une forte croissance de la demande en Europe pour les stratégies alternatives. Les gérants de hedge funds qui sauront s’adapter, d'une part, aux préférences des investisseurs, y compris en accordant une baisse des frais, et, d'autre part, aux contraintes des régulateurs pourront collecter la majorité des avoirs. C’est à nous, professionnels de la sélection de gérants alternatifs, d’identifier et de sélectionner les meilleurs d’entre eux.
Yves Guntern
Head of Liquid Alternative Investment