Pour la nouvelle génération, la banque privée n'est plus nécessairement un secteur d’activité aussi attractif qu’elle pouvait l’être pour ses aînés. Pour autant, les besoins en matière de recrutement de ces institutions restent significatifs, et attirer ces jeunes talents devient un enjeu de plus en plus prégnant pour elles. Alors comment séduire et retenir ces profils ?
Nouvelle génération, nouvelles aspirations
Le baromètre des générations 2025, publié en février dernier par la Berner Generationenhaus, montre que les Suisses âgés de 18 à 25 ans envisagent le travail différemment de leurs aînés. Si la sécurité financière reste leur première motivation, avec toutefois un écart significatif (17 points de moins) par rapport aux générations précédentes, la réalisation de soi, le développement, la possibilité d’avoir un impact et le fait d’occuper un emploi porteur de sens apparaissent comme des critères nettement plus importants à leurs yeux qu’à ceux de leurs prédécesseurs. Ainsi, les jeunes talents d'aujourd'hui – et de demain – recherchent davantage qu'un simple emploi. Ils souhaitent travailler pour des entreprises qui partagent leurs valeurs et leurs aspirations, telles que la durabilité, l'éthique ou encore l'innovation. Les banques privées doivent donc aligner leurs pratiques avec ces préoccupations afin de susciter l’intérêt de ces profils.
L’étude souligne également que la flexibilité au travail et l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée ne sont pas l’apanage de la génération Z. Ces facteurs jouent cependant un rôle crucial pour les 26-35 ans, une tranche d’âge où la famille devient un sujet central et où les talents s’affirment. En effet, 48% des personnes de cette classe d’âge jugent ces considérations comme particulièrement importantes, contre seulement 26% pour la génération suivante. Il est donc nécessaire qu’elles deviennent centrales pour les banques privées qui souhaitent retenir les jeunes talents. Il leur appartient par conséquent de proposer des horaires modulables, la possibilité de télétravailler et des congés flexibles pour répondre à ces besoins. Cela est d’autant plus prévalant que 51% des jeunes professionnels en Suisse accordent une grande valeur aux possibilités d’évolution et au développement professionnel au sein de leur entreprise, ce qui témoigne de leur capacité à se projeter sur le long terme dans un même établissement, contrairement à une idée reçue assez largement répandue.
Repérer et développer les talents
Afin de capter l’attention de ces digital natives, généralement très actifs sur les réseaux sociaux et adeptes des plateformes numériques pour leurs recherches, y compris pour trouver un emploi, les banques privées sont tenues de développer une présence en ligne forte et cohérente. Dès lors, il devient essentiel pour la marque employeur de véhiculer des valeurs alignées avec celles des talents que l’entreprise cherche à recruter, et de tirer parti des canaux de communication qu’ils utilisent. C’est aujourd’hui une condition sine qua non pour être pertinent et visible vis-à-vis d’eux.
En nouant des partenariats avec des universités et des écoles de commerce, les banques privées peuvent accéder à un vivier de jeunes gens qualifiés. Ces collaborations peuvent prendre des formes diverses, telles que des offres de stage régulières ou des cycles de conférence. En établissant ce type de relations avec des institutions académiques, les banques peuvent se faire connaître, identifier les potentiels et créer un lien dès le début du parcours professionnel.
Une fois ces jeunes recrutés, il est capital de les aider à s'intégrer et à progresser au sein de l'entreprise. À cet effet, les programmes de mentorat et de coaching sont des outils précieux qui offrent à ces nouveaux arrivants un accompagnement personnalisé et renforcent ainsi la culture d'entreprise, le sentiment d'appartenance et l’esprit d’équipe. Ils leur permettent également d'atteindre leur plein potentiel et de se réaliser professionnellement grâce au soutien bienveillant d’un collègue plus expérimenté.
Être au rendez-vous de leurs attentes
Pour séduire une nouvelle génération de collaborateurs, les banques privées doivent également faire évoluer leur culture d’entreprise, en encourageant l’innovation, la créativité, la diversité et l’inclusion. En favorisant un environnement de travail ouvert et accueillant, propice à l'innovation et à la prise de risques calculés, une banque retiendra l’attention de jeunes talents dynamiques et proactifs, désireux de contribuer à son évolution et qui pourront s'y épanouir pleinement.
Bien que le salaire ne constitue pas la motivation première de la génération Z, il reste un facteur qui prend de l’importance avec l’âge. En proposant une rémunération compétitive dès l’embauche, les banques peuvent se positionner comme des employeurs attrayants, capables de fidéliser leurs collaborateurs à long terme. Il en va de même pour les avantages sociaux, comme l’assurance maladie, les prestations en nature ou les programmes de qualité de vie au travail. En investissant dans le bien-être de leurs salariés, les banques créent un climat positif et démontrent qu’elles se soucient d’eux, ce qui est primordial pour un public particulièrement sensible aux aspects immatériels de ses conditions de travail.
En définitive, même si la Suisse figure en tête du Global Talent Competitiveness Index 2023 de l’INSEAD pour la dixième année d’affilée, attirer et retenir les jeunes talents est un enjeu majeur pour les banques privées du pays. Il est donc indispensable d’adopter une approche stratégique et holistique, qui passe par la compréhension et l’intégration de leurs attentes, l'utilisation de canaux de recrutement adéquats, la mise en œuvre de programmes de formation et de développement professionnel, la création d'un environnement de travail adapté et l’instauration d’une politique compétitive de rémunération et d'avantages sociaux. C’est ainsi qu'elles pourront assurer leur pérennité et leur croissance dans un marché hautement concurrentiel.