Le monde tel que nous l’avons connu ces dernières décennies semble aujourd’hui profondément remis en cause, à l’instar des modèles traditionnels de gestion de portefeuille. Face à ce nouvel environnement, où les crises se succèdent sans nécessairement se ressembler, les banques privées doivent disposer d’outils de gestion adaptés pour protéger le patrimoine de leurs clients.

Si les secousses économiques et géopolitiques des dernières années avaient déjà ébranlé nombre de postulats, le retour au pouvoir de Donald Trump semble avoir fait basculer notre monde dans une incertitude totale. De fait, les principes fondamentaux que l’on pensait immuables depuis l’après-guerre, tels que le libre-échange et la globalisation, sont désormais remis en question.

Pour les investisseurs, ces bouleversements se sont traduits par des mouvements de marché imprévisibles, mettant à rude épreuve les portefeuilles. Ainsi, entre le 3 et le 4 avril, le S&P 500 - principal indice des actions américaines - a chuté de 10,5%, avant de rebondir de 9,5% lors de la seule journée du 9 avril.

De plus, ces soubresauts, susceptibles de générer ou d’effacer en quelques heures la performance d’une année, affectent désormais la plupart des classes d’actifs: non seulement les actions et les obligations, mais aussi les matières premières et les devises. Alors que l’administration américaine semble prête à provoquer un véritable séisme économique et commercial à l’échelle mondiale, nous sommes passés d’un régime de volatilité «ordinaire» à un environnement devenu difficilement navigable.

Une gestion plus sophistiquée et flexible

Pour prévenir les pertes, les banques privées disposent en principe d’un arsenal de mesures bien connues. La plus classique est la diversification, qui traduit en termes financiers le vieil adage selon lequel il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Si cette sagesse populaire reste valable, elle ne suffit plus dans le contexte actuel. En effet, traditionnellement, les actions et les obligations, qui constituent le socle de nombreux portefeuilles, évoluent de manière opposée, ce qui aide à diminuer le risque au sein des allocations. Or, à présent, actions et obligations baissent de façon concomitante.

Il faut donc pouvoir proposer des solutions alternatives décorrélées, telles que les hedge funds, les marchés privés ou les produits structurés, ainsi que des valeurs refuges, comme l’or ou le franc suisse. À cela doivent s’ajouter des outils de protection ou de couverture, tels que les options, capables de réduire temporairement la volatilité sans pour autant bouleverser durablement l’allocation d’actifs.

Afin d’éviter les choix «émotionnels», ces stratégies doivent naturellement s’appuyer sur un scénario macroéconomique solide. Mais au-delà d’une indispensable vision à long terme, il est surtout nécessaire de disposer d’une capacité d’anticipation et de remise en question permanente, afin de pouvoir ajuster rapidement les positions en cas de changement de cycle. Alors que la conjoncture de 2023 et 2024 était relativement stable et n’a pas nécessité de réallocations majeures à court terme, les bouleversements actuels sont d’une telle ampleur qu’ils remettent en cause cet équilibre et imposent une grande réactivité, ainsi que le recours à des outils tactiques de protection des portefeuilles.

L’avantage décisif de l’asset management

Savoir se remettre en question en permanence et s’adapter aux changements est certes essentiel, mais agir vite l’est plus encore. Lorsqu’en seulement deux jours, les taxes douanières américaines ont fait perdre 6.000 milliards de dollars à Wall Street, la réactivité s’est révélée cruciale. Or, dans la plupart des banques privées, une décision du comité d’investissement met plusieurs jours avant d’être mise en œuvre.

Un tel délai peut malheureusement rendre une décision, pourtant pertinente à l’origine, obsolète, voire contre-productive. Il est donc capital de disposer d’une gouvernance et d’instruments permettant d’opérer immédiatement des ajustements d’allocation. Cela implique, par exemple, de pouvoir appliquer certaines décisions dans un mandat de gestion en moins d’une heure. C’est cette agilité qui peut faire la différence entre un arbitrage juste, mais inefficace, et un résultat réellement tangible.

Pour une banque privée, disposer en interne d’une activité d’asset management constitue un avantage décisif.

Cela permet aux investisseurs privés de bénéficier d’une qualité de service, d’une diversité d’expertises et d’un niveau de sophistication généralement réservés à la clientèle institutionnelle. Un tel dispositif garantit également une place centrale à la gestion des risques, élément essentiel pour une clientèle privée dont l’un des objectifs principaux reste la préservation du patrimoine.

Derrière les chiffres, il y a toujours des individus, des familles et des patrimoines à protéger. Cette responsabilité exige une gestion à la fois rigoureuse et réactive, fondée sur la dimension humaine du métier - une dimension d’autant plus cruciale dans le climat d’incertitude actuel.

La proximité: facteur clé de la satisfaction client

En période de turbulences, il est tout aussi important d’ajuster les positions que de rassurer les clients, en leur expliquant les décisions prises et leur impact sur leur portefeuille. Le partage de connaissances nourrit en effet la confiance: plus celle-ci est forte, plus le client accorde de latitude à sa banque dans la gestion de ses investissements. L’adéquation des arbitrages aux besoins et aux attentes des clients est fondamentale pour établir une relation durable, fondée sur la confiance.

Dès lors, il est indispensable de connaître parfaitement ses clients et de revoir régulièrement leur profil de risque, leur situation pouvant évoluer dans le temps. Déléguer la gestion présente des atouts indéniables. Le mandat discrétionnaire permet en effet des arbitrages très réactifs, reflets fidèles de la stratégie et des convictions d’investissement de la banque, dont l’ultime objectif demeure la préservation des intérêts de ses clients. Or, ceci est crucial dans les conditions de marché et de volatilité extrêmes que nous traversons.