L’IA reste la technologie la plus disruptive de la décennie. Les plateformes cloud et les fournisseurs de semi-conducteurs sont les mieux placés pour en profiter.
Les marchés actions entrent dans une phase décisive du cycle d'investissement en faveur de l'intelligence artificielle (IA). Celle-ci se caractérise par des dépenses d'investissement sans précédent, une forte hausse des besoins énergétiques, une concurrence accrue entre les géants de la tech, et les premiers signes de tension dans l'écosystème. Face à ces dynamiques, le potentiel de la mégatendance IA demeure intact. Examinons cinq raisons qui expliquent ce phénomène ainsi que les secteurs les plus à même de se démarquer.
1. Des valorisations élevées, mais pas de bulle en vue
L'une des préoccupations majeures autour de l’IA reste de savoir si une bulle spéculative est en train de se profiler pour les actions de ce secteur. Si les valorisations technologiques sont élevées, elles demeurent loin des multiples extrêmes observés lors de la bulle Internet du début des années 2000. En effet, le Nasdaq 100 se négocie à environ 26 fois les bénéfices prévisionnels, soit seulement 18 % de plus que sa moyenne sur 10 ans, ce qui est nettement inférieur aux multiples de plus de 50 fois enregistrés au moment du pic de l’an 2000. Actuellement, ce sont donc les bénéfices, et non les multiples de valorisation élevés ou la spéculation, qui forment le principal moteur de la performance. En 2026, les entreprises du secteur technologique devraient ainsi enregistrer une croissance de leurs bénéfices par action de 25 %, les producteurs de semi-conducteurs en tête, avec +46 %.
2. Une forte demande des consommateurs; une adoption plus lente du côté des entreprises
L'adoption des applications d'IA par les consommateurs progresse à une vitesse inédite. ChatGPT compte désormais plus de 800 millions d'utilisateurs hebdomadaires, tandis que Gemini de Google dépasse les 650 millions par mois. Cela dit, l'adoption par les entreprises est moins rapide en raison de préoccupations autour de la confidentialité et de la fiabilité des données. Ceci crée de l’incertitude pour les éditeurs de logiciels d'entreprise, qui ont sous-performé cette année et n'ont pas encore enregistré d'accélération de leurs revenus en lien avec l'IA. OpenAI joue un rôle essentiel dans l'écosystème de l'IA et a signé des contrats d'une valeur totale de plus d’USD 650 milliards avec des fournisseurs de cloud computing. Cependant, les projections à long terme de l’entreprise, notamment son objectif de générer USD 200 milliards de revenus d'ici à 2030, semblent très ambitieuses et pourraient se révéler irréalisables. OpenAI pourrait également être confrontée à une perte de trésorerie cumulée d’USD 115 milliards entre 2025 et 2029. Ceci représente un risque pour ses partenaires, qui dépendent fortement de sa croissance, notamment Oracle, avec qui elle a conclu un contrat d’USD 300 milliards pour des services de cloud computing.
3. Le super cycle de dépenses d'investissement dans l'IA n'en est qu'à ses débuts
Parallèlement, les entreprises technologiques investissent massivement pour ne pas se laisser distancer dans la course à l'IA. Les dépenses d'investissement totales des leaders du cloud (Microsoft, Amazon, Alphabet et Meta) devraient ainsi augmenter de 34 % en 2026 et alimenter la forte demande en puces, en réseaux, en systèmes de refroidissement liquide, et en infrastructure cloud en lien avec l’IA. Ce faisant, le chiffre d'affaires des centres de données de Nvidia devrait passer d'environ USD 115 milliards pour l'exercice 2025 à près d’USD 483 milliards d'ici à 2030, porté par la demande croissante en processeurs graphiques. Toutefois, la rapidité des investissements soulève des questions concernant la monétisation, l'amortissement et le financement. Pour justifier un investissement supplémentaire d’USD 368 milliards dans les puces Nvidia avec un rendement après impôts de 10 %, les clients de Nvidia devront générer environ USD 1’400 milliards de revenus supplémentaires ou d'économies.
4. Besoins en électricité : la contrainte cachée de l'IA
Dans l'écosystème de l'IA, l'approvisionnement en électricité est devenu l'un des principaux goulots d'étranglement. Les grands centres de données consomment déjà environ 3 % de l'électricité américaine, un chiffre qui devrait dépasser les 8 % d'ici à 2035. La capacité du réseau électrique américain diminue rapidement, les prix de vente aux enchères ayant été multipliés par près de 10 en deux ans. Certaines estimations font état d'un déficit énergétique de 107 à 200 GW d'ici à 2030, soit l'équivalent de la production de plus de 100 réacteurs nucléaires. Ces prévisions profiteront aux fournisseurs d'électricité dotés de capacités de production nucléaires et gazières. Des sociétés telles que Vistra, NRG Energy, Entergy et NextEra signent de plus en plus de contrats d'approvisionnement à long terme avec des giga-centres de données, s'assurant ainsi des flux de trésorerie stables pendant des décennies.
5. Le gaz naturel, un gagnant discret du boom de l'IA
De la même manière, le gaz naturel couvre aujourd'hui près de 40 % des besoins énergétiques des centres de données américains et devrait rester leur principale source d’énergie au moins jusqu'en 2030. Les producteurs de gaz prévoient une augmentation de la demande de 200 à 300 millions de mètres cubes par jour d'ici à la fin de la décennie, dont 40 % en provenance des «data centres» IA. Le plus grand producteur de gaz naturel américain, EQT, devrait être l'un des principaux bénéficiaires de cette tendance. Les récents contrats d'approvisionnement à long terme pourraient contribuer à la création d'une nouvelle capacité de production électrique pouvant atteindre 10 GW, ce qui devrait générer une forte croissance des flux de trésorerie disponibles jusqu'en 2029.
Cloud, semi-conducteurs, infrastructures: les opportunités d'investissement clés
Nous privilégions le secteur technologique, car les géants du cloud computing – tels que Microsoft, Amazon, Alphabet et Alibaba (en Chine) – sont, selon nous, bien placés pour tirer profit de l'IA, grâce notamment à leurs avantages concurrentiels décisifs, leur forte rentabilité unitaire et leurs carnets de commandes de plus en plus garnis. Les entreprises de semi-conducteurs qui fournissent des puces pour l'IA, en particulier Broadcom, apparaissent, elles aussi, avoir de solides atouts pour tirer parti de l'adoption de l'IA. De fait, les puces IA personnalisées produites par cette société ont été développées en collaboration avec les principaux fournisseurs de cloud computing tels que Google. Si Nvidia contrôle actuellement plus de 80 % du marché des puces IA, sa part de marché pourrait s'éroder au fil de l’évolution du paysage de l'IA. Les entreprises spécialisées dans les réseaux devraient également prospérer à mesure que les volumes de données générés par les «data centres» IA continuent d'augmenter. Celestica, par exemple, est en train de devenir un acteur important dans la fourniture de matériel réseau personnalisé pour l'infrastructure IA de Google. En outre, la demande induite par l'IA pourrait stimuler les rendements à long terme des fournisseurs d'électricité, notamment Vistra, NRG, NextEra et Constellation Energy.
Il existe certes des risques – excès d’optimisme des projections, augmentation de la dette, contraintes énergétiques –, mais nous pensons que les catalyseurs structurels restent forts.
Pour les investisseurs à long terme, une exposition diversifiée aux plateformes cloud, aux semi-conducteurs et aux fournisseurs d'infrastructures électriques peut offrir un positionnement très résilient dans une période de croissance alimentée par l'IA.
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