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UBP dans la presse 04.05.2022

«Cibler les entreprises qui résolvent les problèmes»

«Cibler les entreprises qui résolvent les problèmes»

Paperjam (27.04.2022) - L’Union Bancaire Privée étoffe son offre d’investissement d’impact avec le lancement d’une troisième stratégie consacrée à la restauration de la biodiversité. Une stratégie qui vient compléter l’offre centrée sur les sociétés cotées, lancée en 2018, et celle consacrée aux pays émergents en 2020. Des stratégies qui ont permis de collecter 1,4 milliard de dollars d’actifs sous gestion. 


Quelle est votre définition de l’investissement d’impact?

Pour moi, cela signifie qu’en tant qu’investisseur, il faut cibler les entreprises qui résolvent les problèmes plutôt que celles qui en causent. Il existe beaucoup d’autres définitions plus sophistiquées. Mais au final, c’est de cela qu’il s’agit. Chaque fois que nous faisons un investissement, nous nous posons la question de savoir si ces entreprises aident à faire passer le monde de l’ancienne économie extractive à une économie nouvelle positive de nature circulaire, et si leurs rendements sont une conséquence directe des problèmes qu’elles auront aidé à résoudre et non une simple coïncidence.

Comment mettez-vous concrètement en œuvre ces principes dans vos processus et décisions d’investissement?

D’abord en recourant à un processus rigoureux. Nous avons notre propre outil d’évaluation de l’impact que nous appelons l’IMAP (pour Intentionnalité, Matérialité, Additionnalité et Potentiel). Cette méthodologie de notation propriétaire nous permet d’évaluer l’intensité de l’impact de chaque société et lui attribue une note sur 20, 12 étant le score minimum pour l’éligibilité d’une action au sein du portefeuille ou son ajout à notre ‘watch list’. Ensuite, il faut s’assurer que la dimension impact est vraiment intégrée dans la stratégie de l’entreprise et mise en œuvre.

Pour cela, nous nous engageons auprès des entreprises dans lesquelles nous investissons. C’est très important. Car si l’investissement d’impact sur les marchés cotés a beaucoup progressé ces dernières années, les questions de la mesure de l’impact et de sa communication constituent toujours un vrai défi. Les entreprises dans lesquelles nous investissons sont nombreuses à apporter des solutions à des problèmes et à avoir un réel impact, mais elles ne savent pas mettre cela en valeur. Les aider dans leur cheminement pour produire un reporting plus clair sur cet impact est bénéfique aussi bien pour les entreprises que pour nos portefeuilles.

Investissez-vous globalement ou avez-vous des secteurs d’exclusion?

Nous investissons globalement d’un point de vue géographique, mais nous excluons certains entreprises et secteurs d’activité. Nous tenons à jour une ‘Exclusion List’, constituée des entreprises qui opèrent dans des secteurs d’activité controversés et dans lesquels il nous paraît inapproprié d’investir comme les armes, les divertissements pour adultes, l’alcool ou le tabac. Nous avons également des restrictions basées sur l’intensité de la production de carbone.

Comment procédez-vous pour mesurer les impacts des entreprises que vous avez en portefeuille face à la disparité des données sur le sujet?

Nous avons mis en place un audit d’impact annuel des entreprises de nos stratégies. Cette année, 124 entreprises réparties sur trois stratégies ont été interviewées. Parmi les questions que nous posons, il y a celle de l’existence d’un rapport de durabilité et de ses objectifs, de l’existence d’un responsable de la durabilité, ou encore de l’existence d’une politique de biodiversité. Ce qui est intéressant, c’est de voir l’évolution d’une année sur l’autre. Nous pouvons ainsi constater si une entreprise ou une industrie s’améliore.

Que faites-vous de toutes ces données amassées?

La transparence est une règle chez nous: nous communiquons toutes les informations dont nous disposons. Nous avons un rapport annuel sur l’impact et un conseil consultatif sur l’impact. Les procès-verbaux des réunions de ce conseil sont publiés.

C’est une manière de nous engager pour faire évoluer la réglementation. C’est un véritable engagement. Dans le même esprit, l’UBP est membre actif dans un certain nombre de groupes de travail internationaux. Par exemple au sein de l’Institute of Sustainability Leadership de l’Université de Cambridge qui a créé un groupe de travail sur les risques financiers liés à la nature, ou encore au sein des UNPRI (Principes des Nations Unies pour l’investissement responsable) dont nous sommes signataires depuis 2012.

Comment considérez-vous SFDR et la taxonomie? Est-ce pour vous des accélérateurs de votre engagement ou des sources de problèmes potentiels?

De prime abord, je dirais que ces réglementations ont un impact positif net. Avoir sa gamme de stratégies labellisé article 9 – et c’est notre cas – témoigne d’un engagement significatif en matière de finance durable.

Là où j’exprime des craintes, c’est par rapport aux exigences de reporting. La taxonomie demande aux investisseurs des informations que les entreprises ne donnent pas nécessairement. Une grande partie de ces informations est alors mise à disposition par des fournisseurs de données tiers. Mais la qualité des informations fournies est très inégale. Je pense qu’il est important que l’on parvienne à auditer ces fournisseurs de données et à assurer un contrôle de qualité. Je crois, et c’est encourageant, que le régulateur a conscience de ce problème.

L’investissement responsable a quitté le statut d’investissement de niche pour devenir un investissement grand public. Ce changement de statut ne risque-t-il pas de créer des bulles en raison de l’afflux de capitaux et du nombre encore assez réduit d’actifs qui répondent pleinement aux critères ESG?

J’estime que le risque principal est celui d’une mauvaise allocation du capital. Autant le marché est efficace pour valoriser les performances ESG d’une entreprise – sûrement parce que les notations ESG se sont fortement développées et ont gagné en qualité –, autant il est inefficace pour appréhender la dimension impact. En effet, cette dernière nécessite de prendre en compte toute la chaine de valeur. Autrement dit, l’univers d’investissement est en fait nettement plus large que ce que l’on croit parfois et beaucoup d’entreprises qui le composent ne sont pas considérées à première vue comme des entreprises à impact. Cela nécessite beaucoup d’analyses que peu d’investisseurs font.

Y a-t-il des secteurs plus propices à l’investissement d’impact et d’autres où cette approche n’est pas pertinente ?

C’est une problématique complexe.

Je pense que dans tous les secteurs, vous pouvez trouver des entreprises qui ont un impact. Prenons l’exemple de l’industrie minière. Tout le monde s’accorde pour dire que son impact net est négatif. Pourtant, sans elle, il ne pourrait y avoir de véhicules électriques. Et au sein de ce secteur, il y a certainement des fournisseurs de solutions innovantes à même de réduire l’intensité de l’utilisation d’énergie, des émissions de CO2 ou de personnel. Ont-elles un impact positif? Est-il socialement positif de pouvoir détourner des personnes d’un métier dangereux, mais aussi d’une source de revenus? Il faut selon moi réfléchir entreprise par entreprise.

Prenez le secteur du luxe. Son ressort n’est pas le besoin, mais l’envie. Les entreprises multinationales qui opèrent dans ce secteur ont aussi l’opportunité de créer un modèle économique positif pour la nature. Je pense par exemple à des entreprises qui font un travail passionnant, notamment dans le domaine des fermes de mûriers à soie, qui ne peuvent pousser que dans des conditions très précises, et qui essaient d’assurer l’avenir de la chaine d’approvisionnement et du producteur. Les cultivateurs, s’ils sont correctement incités, continueront à cultiver ces plantes et vous savez, cela empêchera la déforestation. Cette approche favorise les effets d’entraînement.

L’UBP vient de lancer une stratégie de restauration de la biodiversité. Quel est l’objectif de cette stratégie et que vendez-vous à vos investisseurs?

Le constat de départ est le suivant: plus de 40% du PIB mondial dépend de la nature. Pour moi, biodiversité et changement climatique sont inextricablement liés. Pourtant, les investisseurs, les entreprises et les consommateurs sont nettement moins bien informés sur la crise de la biodiversité que sur celle du climat. Je dirais que nous avons sur ce sujet environ cinq ans de retard par rapport à ce qui se fait en matière de lutte contre le changement climatique.

Notre stratégie pour la biodiversité ressemble beaucoup à nos autres stratégies d’impact: il s’agit d’essayer d’accéder à des entreprises qui contribuent à un problème particulier. La question de la biodiversité est étroitement liée au système alimentaire et à l’agriculture. Nous sommes donc très exposés à l’espace agricole et nous cherchons les entreprises qui pourront profiter de, l’évolution du cadre réglementaire et des attentes des consommateurs dans ce domaine.

Notons l’exemple de la stratégie ‘De la ferme à la table’ de la Commission européenne, qui vise, d’ici à 2030, à réduire de moitié l’utilisation des pesticides et de 20% l’usage des antibiotiques pour les animaux d’élevage, ou encore à consacrer 25% des terres cultivées à l’agriculture biologique.

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