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Expertise 06.01.2023

COP15: Un accord historique, qui doit se traduire en actions concrètes

COP15: Un accord historique, qui doit se traduire en actions concrètes

Le second volet de la COP15 (Conférence des Nations Unies sur la biodiversité), attendu de longue date, s’est achevé sur un accord important, le ‘Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal’ (CMB), avec à la clé plusieurs engagements significatifs.


A noter toutefois que ce sommet n’a pas eu de retentissement majeur. On a constaté une plus faible couverture médiatique par rapport à la COP27 (son analogue dédiée au changement climatique), ainsi que l’absence des grands leaders mondiaux, sans parler d’une participation relativement discrète du côté des entreprises.

Il va sans dire que nous sommes confrontés aujourd’hui à une double urgence planétaire, le changement climatique étant intrinsèquement lié à la question de la perte de biodiversité. Cependant, l’attention suscitée par cette dernière semble nettement moindre en comparaison de celle dont bénéficient les émissions de gaz à effet de serre. Peut-être est-ce parce que la perte de biodiversité est plus complexe à mesurer et s’avère plus hétérogène ? Ou bien parce que les services que la nature nous rend sont toujours considérés comme acquis et qu’il est donc difficile, pour beaucoup, de prendre conscience des réelles répercussions sur notre vie au quotidien, au-delà de l’extinction des espèces ?

C’est ce contexte précisément qui rend le bilan de la COP15 d’autant plus impressionnant. L’avancée la plus remarquable est certainement l’objectif ’30x30’ en vertu de l’accord CMB.

“Le ‘Cadre mondial de la biodiversité’ dépasse toutes les attentes, simplement par le fait qu’un accord ait été trouvé. En s’engageant à protéger 30% des terres et des mers de la planète d’ici à 2030, il vise ainsi à guider l’action en faveur de la transformation économique nécessaire pour atteindre l’harmonie recherchée – autrement dit se détourner d’un modèle extractif pour promouvoir un avenir circulaire et régénérateur.”

Grant Rudgley, Responsable Finance pour les questions relatives à la nature (Nature-related Finance Lead) auprès du Cambridge Institute for Sustainability Leadership (CISL)

Autre progrès de taille – une plus grande attention portée aux droits et aux territoires des populations indigènes. Cela se reflète dans la plupart des aspects de cet accord, avec le message selon lequel les peuples autochtones ont été les meilleurs gardiens des terres et que leur approche se doit d’être suivie si nous souhaitons être à la hauteur de nos ambitions en matière de préservation de la nature.

Bien entendu, le financement de ces objectifs a été au centre des discussions, et des avancées importantes ont été observées dans ce domaine. Des accords ont en effet abouti en vue d’une réduction des subventions néfastes pour la biodiversité (cela concerne en grande partie celles consacrées à l’agriculture conventionnelle). Il est prévu en outre une augmentation des financements destinés à des nations en développement – consentis par les gouvernements et le secteur privé des pays à revenu élevé. Ces financements se montent ainsi à environ USD 30 milliards par an.

Colin Porteous, membre du Comité de Biodiversité de l’UBP, est CIO au sein de la Peace Parks Foundation, une ONG ayant pour mission de gérer et de restaurer plus de 10 millions d’hectares de zones transfrontalières dédiées à la conservation de la biodiversité en Afrique subsaharienne. Il s’est dit particulièrement satisfait de constater les progrès réalisés autour de ces objectifs de financement.

“La réduction, à hauteur d’USD 500 milliards par an, des subventions préjudiciables pour la biodiversité (Cible d’action 18 prévue par l’accord CMB) (plus le renforcement des incitations positives dans ce domaine), ainsi que la mobilisation d’USD 200 milliards par an pour la mise en œuvre de stratégies en faveur de la biodiversité à l’échelle nationale (Cible 19), constituent des décisions majeures. Elles démontrent en effet que le monde peut s’attendre à des investissements massifs favorisant la préservation de nos ressources naturelles communes.

Avec vingt-cinq ans d’expérience dans la protection de la nature en Afrique – et forte de son étroite coopération avec les gouvernements, les communautés et les diverses parties prenantes au niveau local –, la Peace Parks Foundation a une profonde compréhension des défis que la planète aura à relever pour voir se concrétiser les objectifs de la COP15.

La Peace Parks Foundation a notamment pour but la ‘Préservation à grande échelle’ (‘Conservation at Scale’), et force est de reconnaître que le ‘Cadre mondial de la biodiversité’ définit clairement la voie à suivre. Nous nous réjouissons de renforcer nos relations existantes et d’en nouer de nouvelles, afin de pouvoir contribuer pleinement à la restauration de l’intégrité, de la connectivité et de la résilience des écosystèmes.”

La Cible 15, à savoir l’obligation pour les sociétés de communiquer sur leurs risques, leurs incidences et leurs dépendances à l’égard de la nature, revêt la plus grande importance pour la communauté financière et le monde des entreprises. Ceci est particulièrement pertinent pour l’équipe Impact de l’UBP, en tant que signataire de la campagne ‘Make It Mandatory’ de Business for Nature. Bien qu’il y ait une certaine imprécision dans les énoncés des textes, il a été convenu que l’ensemble des grandes entreprises et institutions financières doivent évaluer et rendre publics ces risques et ces impacts. Point décisif aussi, les chaînes d’approvisionnement ont été explicitement mentionnées, ce qui vient largement soutenir le travail de la TNFD (Taskforce on Nature-related Financial Disclosures) pour 2023.

“La Cible d’action 15, en particulier, peut constituer un puissant levier de transformation en rendant plus visibles – pour les communautés des entreprises et de la finance – les risques, les dépendances et les impacts de leurs activités vis-à-vis de la biodiversité tout le long des chaînes d’approvisionnement. Cela aidera à mieux faire comprendre que les décisions et les investissements en faveur de la nature apparaissent désormais comme le choix le plus évident. Il s’agit ainsi de faire prendre conscience de la réalité à venir. Car c’est seulement en ayant accès à la résilience, aux ressources et aux autres bienfaits procurés par notre environnement naturel que nous pouvons espérer bénéficier de solides perspectives.”

Grant Rudgley, Responsable Finance pour les questions relatives à la nature (Nature-related Finance Lead) auprès du Cambridge Institute for Sustainability Leadership (CISL)

Toutefois, en dépit de certaines avancées significatives, l’accord final auquel la COP15 a abouti en décembre est loin d’être parfait, dans la mesure où il manque d’objectifs quantitatifs et où il n’est pas juridiquement contraignant. De plus, les Etats-nations affichent, jusqu’à présent, un faible historique s’agissant des buts fixés pour préserver la nature. Ainsi, aucun des objectifs dits d’«Aichi», du précédent plan, visant à enrayer la perte de biodiversité n’avait pu être atteint. La différence cette fois-ci, si l’on peut se permettre une note d’optimisme, est que le monde des entreprises et le secteur public commencent à être conscients de la contribution apportée par la nature en termes de PIB. Ils se rendent compte désormais que nous ne pouvons atteindre nos objectifs climatiques sans résoudre également la crise de la biodiversité. Plus important encore peut-être, l’année 2022 s’est caractérisée par des événements météorologiques et géopolitiques sans précédent, ce qui a sérieusement affecté la sécurité de l’approvisionnement en eau, mais aussi sur le plan alimentaire et énergétique. La restauration de la nature joue un rôle essentiel dans la résilience des communautés ainsi que dans la stabilité des gouvernements à long terme, et le cadre établi lors de la COP15 constitue une feuille de route concrète pour répondre à cet enjeu crucial.

Mike Maunder, Directeur Exécutif de la Cambridge Conservation Initiative (CCI) et membre du Comité de Biodiversité de l’UBP, tient à souligner la formidable opportunité que représente le ‘Cadre mondial de la biodiversité’ et, par conséquent, l’urgence de sa mise en œuvre.

“Cet accord est tout sauf une nouvelle mesure visant à servir les besoins d’un lobby vert. C’est là notre plus belle chance de garantir un avenir viable pour la société et les entreprises. Les enjeux pour ces dernières, et notamment pour l’industrie financière, sont clairs – il ne s’agit pas d’un nouvel ensemble de coûts à accepter à contrecœur, mais plutôt d’un moyen d’assurer la continuité des activités dans un monde devenu dangereusement instable. ‘Reconstruire’ la nature, en mobilisant des capitaux tant publics que privés, peut nous permettre de protéger et de restaurer des environnements vitaux (en particulier les systèmes agricoles). Cela peut également nous aider à sécuriser les chaînes d’approvisionnement, à veiller à la sécurité alimentaire et en eau, ou encore à réduire notre vulnérabilité croissante face aux menaces, toujours plus vives, de troubles sociaux et d’effondrement du climat. Même si nombre des outils permettant de façonner le monde de demain existent déjà, ou sont en cours de développement, nous ne pouvons relâcher notre vigilance, car le temps presse.”


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Victoria Leggett
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